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C’est à l’excellente émission " Chansons en liberté " (Radio-Canada) que je dois ma découverte de Jacques Serizier, mort en 1994. Quelques années et un cd-compil plus tard, un soir ordinaire, dans un flot de chansons choisies avec soin par l’animatrice Elizabeth Gagnon, j’entendis les premières notes de " Nulle part ". Serizier n’avait pas encore ouvert la bouche, j’étais conquis par la beauté de cette musique, et la suite me prouva maintes fois de son talent de mélodiste. Les oreilles tournées vers la radio, j’écoutai cette voix tendre, un peu brisée, si émouvante chanter ses errances :
J’arrive à peine ici Que me voilà parti En face Du début à la fin Ça ne fait jamais loin D’espace N’écoutez qu’un petit Peu ce que je vous dis De grâce
Ça y était: pudeur, tendresse, sourire, voilà quelqu’un d’exceptionnel qui saurait me faire voyager dans des pays inconnus et magnifiques. Une grande partie de son oeuvre a été réunie, en 1999, dans un coffret de quatre disques compacts, "99 chansons et textes". Je découvris avec autant de frissons que Claude Duneton la chanson " Le pauvre petit gosse ", ainsi que " Au royaume de mon enfance ", " Au pays où les jeunes filles ", " Paris-dimanche ", ses chansons poétiques, nostalgiques, mélancoliques, mais aussi farfelues et drôles. Un peu comme Prévert, Louki ou Pierre Perret, La Serize, c’est une lucarne ouverte sur toutes les manières d’écrire le monde. Une lucarne qui aère nos tympans, souffle une espièglerie rafraîchissante. La Serize met de l’ironie dans ses révoltes, l’air de rien, en se marrant...
Quand je veux hurler la guerre Bizarre j'ai le nez bouché La langue comme prisonnière Les dents veulent plus la lâcher
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