Textes pour enfants |
Raconte-nous grand-mère (conte inédit) |
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Refrain :
Raconte-nous grand-mère Une histoire de l’ancien temps Une histoire extraordinaire Qui fait peur aux petits enfants S’il te plaît dis pour nous plaire Pour que nous soyons contents Raconte-nous grand-mère Une histoire qu’on aime tant
Quand j’étais petite fille, nous allions, mon frère et moi, souvent rendre visite à notre grand-mère. Elle habitait à l’autre bout du village, dans une petite maison cachée par des pommiers, des cerisiers, des pruniers et tout ça...
Il y avait des chats qui couraient de la cave au grenier. Les branches, avec le vent, raclaient les tuiles, les contrevents tremblaient un peu, et tout ça... tout ça... ça faisait des bruits bizarres.
Grand-mère s’éclairait à la lampe à pétrole. Pour aller dans une autre pièce elle allumait une bougie. Il y avait souvent un feu dans la cheminée, et tout ça donnait des ombres extraordinaires, déformait les meubles et les visages et tout ça et tout ça...
Elle était très bavarde, grand-mère. Nous étions assis, mon frère et moi, près de la cheminée sur deux petits bancs de bois. Elle nous donnait toujours des petits gâteaux, des bonbons, des fruits confits, du chocolat et tout ça...
Mais nous n’étions paa là pour ça. Pour avoir une histoire, nous avions inventé une petite chanson, un petit refrain, comme ça...
(Au refrain)
Alors grand-mère s’asseyait près de nous. Elle prenait son temps. Les ombres envahissaient la pièce et rôdaient autour de nous. Les chats frôlaient nos jambes et nous lançaient des regards effrayants et tout ça...
Grand-mère nous racontait des histoires arrivées à ses grands-parents. C’était une nuit d’hiver... D’entre les nuages la lune donnait aux arbres des formes! des formes mouvantes de fantômes énormes et menaçants... Ils secouaient leurs bras avec colère... La neige s’envolait des branches... Et le cheval qui emmenait la voiture courait de plus en plus vite... Il glissait souvent sur la route enneigée... La voiture glissait dans les virages... Et le cheval hennissait, ruait... galopait... devenait fou. Et la lune les regardait toujours... et les fantômes les poursuivaient... tout ça...
Nous fermions les yeux, pour mieux l’écouter. Et il y avait les bruits du feu, les craquements des volets, les râles des branches... Ça ressemblait au glissement d’un cheval, à des secousses de fantômes en colère... Tout ça brrr...
Voilà, c’était comme ça les histoires de grand-mère.
(Au refrain)
Je vais vous raconter une histoire, mais il faut fermer les yeux. Pour mieux entendre. Pour mieux entendre l’histoire mais aussi tous les petits bruits bizarres. Il faut fermer les yeux et les entrouvrir de temps en temps, pour regarder à travers les cils, car il y a ici de drôles de choses qu’on ne voit pas autrement. Et ces choses, ces bruits, tout ça... tout ça... il faudra bien vous en souvenir pour pouvoir raconter mon histoire, plus tard, quand vos petits enfants vous chanteront :
(Au refrain)
(Conte pour enfants de J. Serizier, intégral)
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